Le cas curieux de Cyrus Kabiru
Comment se fesses qu’un artiste nous plaise ?
Comment se fesses qu’un artiste plaise ?
King des lunettes de récup’, artiste opticien,
aux petits soins avec les encombrants,
Cyrus Kabiru vaut le détour.

Cyrus Kabiru, artiste, kenyan, un peu dingue, qui recrute parmi l’électroménager éclopé, les cannettes laissées pour compte, les bouts de fer insignifiants…
Cyrus Kabiru explore les coins de rues perdus, les débarras, et de ses doigts magiques crée des objets pas vraiment utiles que ta grand-mère aurait volontiers jeté à la poubelle par inadvertance.
Celui-là est un poète ! Ta grand-mère, paix à son âme, n’avait pas vraiment de goût, reconnais-le…
Posées sur ton nez comme un oiseau perdu, comme un vautour qui attend la mort de ton regard critique, agrafées au milieu de ton visage comme de fausses Ray-bans fabriquées par un fou, délibérément excentriques, les lunettes du sieur Kabiru déboitent.

Par Antoine Paris
Ses montures en pétales de rose ouvrent des perspectives d’univers parallèles, tordus, avec des yeux en cages, de la viande humaine assaisonnée, relevée de feu et de spirales. Cyrus glorifie le grand Théâtre du monde comme on tord le cou à un infâme petit bureaucrate fainéant, qui a décidé de vivre une vie sans gout. Il est une pluie de doigts d’honneur dans tes circuits synaptiques, il est un poil pubien dans ton ragout, un petit mec qui te regarde à travers des pneus, à travers deux disques vinyls.
Cyrus Kabiru a décrété qu’on pouvait se « saper de courant d’air » et s’enfuir loin des deserts du conformisme. Il a décrété qu’on pouvait vivre au milieu de nulle part, se mettre devant son miroir et en demandant qui est le plus beau, s’entendre répondre «celui qui porte les lunettes de Cyrus Kabiru!».